Sécurité sociale : les kinés parisiens sommés de revoir leurs tarifs
La CPAM de Paris (Ile-de-France) a envoyé début décembre un courrier aux kinésithérapeutes de la capitale. L'assurance maladie met en cause des dépassements d'honoraires qu'elle juge excessifs. Le taux moyen de dépassement à Paris atteindrait 32,5%.
par Mathilde Hodouin • mis à jour le
C’est le bras de fer entre la sécurité sociale et les kinésithérapeutes. L’assurance santé reproche à ces professionnels leurs tarifs excessifs. La CPAM de Paris (Ile-de-France) a adressé un avertissement ferme par courrier à 2 655 praticiens, a rapporté Egora vendredi dernier.
Près d’1 acte sur 2 avec dépassements d’honoraires
Dans la capitale, 46,9% des actes chez un kiné libéral impliquent un dépassement d’honoraires, rapporte une étude publiée le 11 décembre dernier par l’assurance maladie. Une séance coûte en moyenne 18,27 euros, avec un surcoût de 5,94 euros. Le dépassement d’honoraire représente 32,5% du prix de la consultation. Ces chiffres cachent cependant « une grande diversité de pratiques » avertit le syndicat des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs de Paris (SMKRP).
La CPAM cible en priorité les 50 plus « gros dépasseurs » à qui elle laisse 1 mois pour modifier leurs pratiques tarifaires. Environ 800 autres kinés ont reçu un rappel à la loi avec injonction de mise aux normes sans limite de temps. Les autres ont reçu un courrier informatif sur la législation en vigueur. La brutalité de la procédure a fortement déplu à la profession, qui se plaint d’un tarif légal trop bas. Les kinés assurent dépendre de la majoration de leurs tarifs.
Des kinés qui « travailleraient à perte »
Stéphane Demorand, masseur-kinésithérapeute, a publié mercredi dernier une tribune dans les colonnes du Point. Selon lui, l’acte le plus courant serait facturé 16,13 euros pour 30 minutes d’intervention. Pour ce professionnel, 32 euros de l’heure reste un prix très insuffisant. Avec les frais de matériel et le prix d’un local dans la capitale, « à ce tarif-là, beaucoup de kinés parisiens travailleraient à perte » assure Stéphane Demorand.
Ces majorations ne coûtent pas un centime à la sécurité sociale, puisque ce sont les mutuelles qui couvrent le reste à charge. Interdire les dépassements d’honoraires aux kinés parisiens ne servirait qu’à améliorer la rentabilité des complémentaires santé, déclare Stéphane Demorand. De son côté, l’assurance maladie se félicitait en novembre dernier déjà du « recul des dépassements d’honoraires » des médecins en 2017.